Du 4 au 5 juin 2024 à Angers, plus d’une centaine de professionnel·les adolescence et jeunesse du réseau Léo Lagrange se sont retrouvé.es à l’occasion de la convention professionnelle 2024 organisée par le service Ados-Jeunesses, en lien étroit avec l’Union Nationale Sportive Léo Lagrange. Retour sur ce nouveau temps fort !
L’accès aux sports, loisirs et à la culture : conflit entre droit effectif et réalité du vécu
La thématique choisie par les professionnel·les du réseau pour cette année fait écho à différentes actualités qui rythment le monde de l’animation en 2024 : les Jeux Olympiques de Paris, mais également le renouvellement de la charte Culture et éducation populaire en mai dernier au Ministère de la Culture, ou encore le rapport 2023 du Défenseur des Droits portant sur « Le droit des enfants aux loisirs, aux sports et à la culture. »
Clémence Richard-Parret, cheffe de pôle régional Bretagne et Pays de la Loire pour le Défenseur des droits est intervenue à plusieurs reprises lors de la convention, pour éclairer les pratiques de nos professionnels avec leurs jeunes publics. « Il ne suffit pas qu’un droit soit proclamé et protégé pour qu’il soit effectif, notre rapport de 2023 montre qu’il y a encore aujourd’hui un fossé extrêmement important entre le droit proclamé et la réalité du vécu des enfants » explique-t-elle lors de la table ronde organisée la première journée. Bien que le droit à la culture, aux loisirs et aux sports soit consacré par la convention internationale du droit de l’enfant (1989), le rapport du Défenseur des Droits, après consultation de 3400 jeunes et enfants, relève des freins économiques (71% des familles avec bas revenus n’inscrivent pas leurs enfants à des pratiques de loisirs), psychologiques (liées aux stéréotypes de genre ou encore discriminations handiphobes par exemple), et géographiques (inégalités d’accès entre citadins et ruraux notamment). En quelques mots, on relève un décalage criant entre l’offre d’activités culturelles, sportives et de loisirs, et la demande des populations.
« On a tendance à amalgamer pratique et consommation culturelle, et l’explosion de l’offre génère une concurrence des temps libres par des pratiques normatives et prescriptives » dénonce Lionel Larqué, acteur de l’éducation populaire, militant et docteur en physique, intervenant également à la table ronde du mardi 3 juin.
Répondre à la demande en diversifiant et adaptant les offres de loisirs
Face à ce constat, l’éducation populaire a tout son rôle à jouer, comme l’ont d’ailleurs souligné les intervenants, autant que les participants :
- « Les acteurs de l’éducation populaire ont un rôle majeur dans l’effectivité et la réalisation de ce droit aux sports, aux loisirs et à la culture ! Ils sont essentiels pour l’égalité, l’esprit critique et l’émancipation des enfants. » – Clémence Richard-Parret
- « Une grande partie des enjeux et des freins liés aux droits dépend beaucoup de l’activité, de l’innovation et de l’inventivité des professionnels de l’éducation populaire et pas forcément des politiques publiques et de l’extérieur. » Lionel Larqué
- « L’éducation populaire donne accès à des lieux, des pratiques auxquelles on n’aurait pas forcément pensé via l’école ou en étant décrocheur. » Emeline Marchesse, coordinatrice régionale Léo Lagrange Ouest pour la Promo 16-18, le service civique et le SNU.
Les conventions professionnelles Léo Lagrange illustrent la volonté de la Fédération de répondre à ces inégalités d’accès aux sports, cultures et loisirs, en y consacrant des temps de partage et de réflexions collectives. De nombreuses initiatives portées par des professionnel.les adolescence et jeunesse du réseau ont ainsi été partagées en temps de plénière comme en ateliers.
Retour d’expériences et partage de bonnes pratiques au cœur de cette convention
La Maison de Quartier des Hauts de Saint-Aubin à Angers (49), qui accueillait d’ailleurs la première partie de la convention dans ses nouveaux locaux, a été le théâtre de différentes activités impliquant les jeunes bénéficiaires et les rendant acteurs et actrices de leurs propres loisirs. On peut citer en exemple la création d’une troupe de Batucada (percussions brésiliennes), ou bien le tournage de courts-métrages présentés au public angevin. D’autres professionnel.les ont pris la parole pour présenter leurs activités, à l’image de la Maison pour Tous du Petit Charran à Valence (26) qui a mis en place « La Box », un espace d’inclusion numérique intergénérationnel, ou des ponts créés par le Centre Social de l’Envol à Montbéliard (25) entre jeunes en situation de handicap et jeunes valides par l’intermédiaire de séances de football inclusif.
Des idées d’activités et d’animation naissent dans l’esprit de nombreux participant.es qui pour beaucoup participent à leur première convention professionnelle Léo Lagrange ! Aussi, le deuxième jour de convention s’est davantage centré sur la découverte d’outils et de méthodes pour inclure au mieux les jeunes et adolescent.es dans l’offre culturelle et sportive portées par les structures Léo Lagrange. Au programme, des ateliers en petits groupes :
- « Savoir protéger les droits fondamentaux des jeunes » animé par Clémence Richard-Parret et Guillaume de Chazournes, chef de projet Hub Léo et également formateur Valeurs de la République et Laïcité (VRL). Les participants redécouvrent les fondements législatifs en matière de droit de l’enfance et s’exercent sur des cas pratiques évoquant des situations de discriminations liées au handicap, à l’orientation sexuelle, ou encore à la situation économique, pour acquérir les bons réflexes à adopter !
- « Sport, insertion et compétences psychosociales : à la découverte de Léo Sport Job », animé par Jérémy Mouchel, Sophie Petit et Benoît Noël des Unions régionales sportives Léo Lagrange AURA et Hauts de France. Cet atelier fait découvrir des séances d’activité physique et des situations de coopération pensées pour développer les compétences psychosociales, notamment celles liées à l’insertion professionnelle et l’orientation.
- « Sport et santé : comment lutter contre l’inactivité physique chez les jeunes » avec Rémi Cozette et Iris Leleu de l’association « Les Petits Poids », et Matthieu Vermeil de l’UNSLL. Lutter contre l’inactivité et la sédentarité, c’est penser des activités parfois encore inconnues pour les jeunes, les en rendre acteurs et actrices, et leur offrir toute l’écoute nécessaire à leur bien-être physique et mental.
- « La recette d’un projet culturel réussi » avec Clémence Babou, Laurent Braillon, Océane Chaumin et Julie Landrain de la FLL : un espace ouvert d’échanges de pratiques en matière d’activités culturelles et d’outillage collectif en matière de pédagogie culturelle !
Le sport comme média vecteur d’inclusion et d’insertion sociale
Si l’Union Nationale Sportive Léo Lagrange a grandement contribué à l’organisation de cette convention, c’est notamment parce que les programmes développés par l’UNSLL lient la l’activité physique et sportive au bien-être mental des jeunes, et à leur insertion économique et sociale. En présentant leur approche du Sport Santé ou le dispositif Léo Sport Job, les professionnel.les de l’UNSLL ont également partagé beaucoup d’activités pensées pour leur adaptabilité à tous les publics. Samir Zine, animateur Hub Léo au Centre Social de la Belle de Mai à Marseille le salue : « notre rôle est de pouvoir accompagner n’importe quel public, par des méthodologies diversifiées, pour lutter contre la sédentarité et le manque de confiance et d’estime de soi, en découvrant de nouvelles pratiques qu’ils ne connaissaient pas forcément. »
A l’orée des Jeux Olympiques 2024, le service ados-jeunesse et l’UNSLL collaborent à la création de différents kits d’animation liant activités sportives à la lutte contre les discriminations, et le développement de compétences psychosociales. Parallèlement, les participant.es découvrent la mallette « Jeux art et sport » et s’imaginent déjà l’utiliser avec leurs publics ! L’un des jeux de la mallette projette les joueurs dans les différents métiers exerçables dans l’univers sportif, une manière de montrer que le monde professionnel du sport recèle de mille opportunités ! Enfin, l’atelier WebRadio fait prendre la parole aux participant.es sur leurs pratiques professionnelles et leurs questionnements : un espace d’échange devenu emblématique du réseau ados-jeunesse du réseau Léo Lagrange !
On retiendra de ces deux journées de convention de beaux moments de convivialité qui concrétisent les liens unissant les professionnel·les Léo Lagrange dans tout l’hexagone. Aussi, l’envie partagée par chacun·e de rendre les jeunes et adolescent.es plus que jamais acteur·rices de leurs loisirs et pratiques culturelles et sportives, en passant par une écoute active et accrue, et une adaptabilité à chaque profil. En maillon essentiel de la communauté éducative, les animateurs et animatrices de l’éducation populaire ont pleinement conscience de leur rôle primordial dans l’accompagnement d’une jeunesse bien dans sa tête et dans son corps !